La Pologne face à ses fantômes

Zygmunt Miloszewski est l'auteur d'une trilogie policière qui a connu un succès sans précédent, traduite dans plus de quinze langues. Cet automne, le troisième volet, La Rage, paraît en traduction française, avec le même personnage principal, le procureur Teodor Szacki, aux prises avec une nouvelle enquête autour d'une étrange affaire de cadavre brûlé et de membres de victimes découverts sur un chantier. Dans les précédents romans, Szacki a enquêté sur une séance de thérapie collective qui a tourné au meurtre, ou encore sur d'étranges assassinats suivant des rituels religieux juifs. Mais si les romans de Miloszewski sont d'excellentes intrigues policières, avec une tension permanente, ce sont aussi des miroirs troublants renvoyant une image de la Pologne dans les années 2000, encore traumatisée par les pogroms qui ont fait disparaître tout un pan de sa culture, encore imprégnée de son passé communiste, de certains réflexes hérités d'une société totalitaire, de corruption aussi, et toujours soumise à certains errements antisémites ou xénophobes. Un pays miné par des spectres qui hantent la conscience collective polonaise.