Uppercuts désenchantés

Avec vingt-trois romans à son actif, Philippe Djian cultive à la fois l'art de la narration, de l'ellipse, un travail renouvelé sur la langue, et l'interrogation incessante de la condition humaine. Dans son dernier titre repris en poche, Marlène, il signe l'histoire de deux soldats de retour chez eux et d'une femme fatale, et interroge "la normalité" dans notre société contemporaine qu'il compare "à une prison mentale effrayante pour zombies". Tandis qu'A l'aube, roman paru cette année, se concentre sur un petit monde gangrené, autour de personnages qui se dévoilent, des retraités paisibles qui sont d'anciens activistes politiques virulents, les propriétaires d'une boutique de vêtements qui dirigent un réseau de call-girls (dont leur propre fille), un vieil ami qui est en fait un amant caché avide d'argent, un jeune autiste dont l'accompagnatrice se révèle être un vrai poison... Deux romans sombres, nerveux et subversifs.